L’essentiel

Contrairement aux idées reçues, les agences matrimoniales connaissent un regain d’intérêt auprès des jeunes trentenaires déçus par les applications de rencontre.

Les professionnels du secteur observent une transformation importante de leur clientèle, avec une hausse significative des trentenaires qui recherchent « une vraie volonté de rencontrer autrement ».

Ces agences proposent un accompagnement personnalisé avec vérification des profils et suivi humain, mais restent limitées par leur coût élevé.(pas chez « you and me forever »)

On pensait que les applis avaient gagné la partie. Que le flirt se vivait désormais derrière un écran, entre deux swipes dans le métro ou un like au réveil. Les agences matrimoniales ? On les croyait reléguées aux pratiques amoureuses du passé, délaissées au profit des nouvelles technologies. Mais à mesure que les écrans se multiplient, l’envie de rencontres réelles, elle, revient.

Depuis quelques années, les agences matrimoniales semblent faire l’objet d’un regain d’intérêt médiatique. Dating fatigue, désillusion amoureuse sur les applications… et si la recherche d’authenticité ramenait les célibataires vers ce qui ressemble à l’ancêtre de Tinder ? Mais derrière ce regain d’intérêt annoncé, que disent réellement les professionnels ? Trois responsables d’agences livrent leur regard sur l’évolution du secteur.

Mais sur le terrain, les professionnelles de l’amour constatent une transformation nette de leur clientèle. « Avant, j’avais surtout des personnes plus âgées. Aujourd’hui, j’ai des jeunes de trente ans qui me disent qu’ils ne veulent plus perdre de temps et veulent construire quelque chose de sérieux », note Laurent Charbit, responsable Unicis à Paris Gare de Lyon. « Depuis deux ou trois ans, je vois arriver des personnes de plus en plus de jeunes : de 27-28 ans », confirme Guerda de Haan, fondatrice d’Elite Connexion. Même tendance pour Valérie Maury, directrice adjointe chez UniCentre Bordeaux : « Ils ont une vraie volonté de rencontrer autrement, plus efficacement. »

Des déçus du numérique à la recherche d’humain

À Bordeaux, Valérie Maury constate l’effet Covid : « Avant, on avait très peu de trentenaires. Après les confinements, on a vu arriver plus de demandes, et une vraie volonté de retrouver de l’humain. Les applis laissent beaucoup de désillusions : faux profils, absence de motivation, manque de suivi ».

Même constat pour Laurent Charbit. « Au début des années 2000, les applis ont détourné les gens des agences. Mais on a récupéré les déçus d’Internet. Depuis 2020, il y a un vrai retour vers des moyens plus humains. » Et ce retour se constate en chiffres directement. Dans son agence, la part des 25-35 ans est passée de 15 % à près de 35 % des adhérents.

Guerda de Haan, spécialisée dans le « haut de gamme », parle, elle, d’un chiffre « triplé » chez les jeunes. « Beaucoup viennent après de mauvaises expériences », explique-t-elle.

Plus qu’un service de rencontre, une remise en question des relations modernes

Derrière la mise en relation, les trois agences défendent un accompagnement personnalisé, qui permet un retour à la rencontre plus réelle et évite les mauvaises surprises : entretiens en face-à-face, vérification des profils, suivi après chaque rendez-vous. Loin de l’instantanéité des applis, ce retour à l’intermédiation humaine interroge notre rapport aux relations : sommes-nous lassés d’un marché amoureux régi par la logique de consommation ? Ou cherchons-nous simplement un filtre plus exigeant ?

Mais derrière ce regain d’intérêt, un facteur ne peut être ignoré : le prix. Même si certaines agences proposent des formules « jeunes » commençant aux alentours de 900 euros, l’inscription reste un investissement conséquent. À Bordeaux, Valérie Maury le reconnaît : « C’est vrai que ça reste une somme, mais les personnes qui viennent nous voir considèrent que c’est un investissement sur leur vie personnelle. » Comme le résume Claire-Lise Gaillard, « l’idée qu’avec Internet, nos relations intimes auraient changé d’épaisseur, et seraient plus artificielles, conduit certains à faire confiance à l’intermédiation humaine », mais cette confiance a un prix, et donc une accessibilité limitée.

Reste à savoir si ces agences, revisitées pour l’ère post-Tinder, traduisent un véritable tournant ou simplement une autre façon de naviguer sur le marché amoureux. Derrière la promesse de rencontres filtrées et de profils vérifiés, elles impliquent tout de même un budget que tous ne peuvent pas se permettre. Un choix assumé pour ceux qui y voient un gain de temps et de sérénité. Car peut-être qu’au fond, plus que de rompre avec les applis, elles répondent à un besoin plus simple : retrouver, enfin, le plaisir de se rencontrer vraiment.

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